Vous aimiez la lune
Un trottoir, des marches, une passerelle. Des rails, des trains, des voyageurs. Et moi.
Je ne suis plus seul. Je marche, je monte, je marche, je regarde. Un autre à côté, qui monte et marche aussi, qui parle sans que j’ai à répondre, qui ne regarde pas, qui parle avec empressement.
Vous le fixiez, le ciel, ce matin. Vous aimiez la lune, particulièrement éclatante ce matin, très ronde, très blanche, solaire.
Il parle et il ne regarde pas mais pourtant il sait que je n’écoute pas, il sait où sont mes yeux.
Le ciel était moins vaste que d’habitude. La fumée blanche que tu crachais. Tes paroles que j’avais cessé d’écouter. L’eau sous le pont. Et le ciel. Tu me suivais toujours, non tu ne me suivais pas, tu étais là, à côté.
Je le vois car il est là. D’habitude je suis seul. Avec elle, douce et blanche. Elle me surplombe mais elle est plus fragile. Elle a besoin de moi.
Vous aimiez son gris, son gris de canard froid. Vous aimiez la lune, solaire, ce matin-là.
Un trottoir normal, qui mène à des marches nombreuses. Dessous, un peu d’eau qui coule, des arbres verts et blancs. Des rails. des gens qui montent. Elle, descend. Je la vois s’éloigner pendant que l’autre parle.
Vous, vous marchiez sans le vouloir, les yeux levés sans regarder. Les oreilles bouchées par les écouteurs, les trains s’arrêtaient sans bruit.
Je la vois s’effacer et je sais qu’elle a besoin de moi. Elle me surplombe, elle s’efface, il parle, je marche.
Le matin vous êtes dans la brume.